Cours d'extraction liquide-liquide: représentation
des équilibres d'un mélange ternaire
Diagramme triangulaire équilatéral
La
représentation dans le diagramme triangulaire équilatéral
permet, en plaçant un point M, de trouver les compositions (en
général le titre massique) de chacun des constituants du
mélange ternaire.
Pour
cela, il suffit de tracer à partir du point M des segments de
droites parallèles aux bases et opposés aux sommets,
et de lire les titres sur les axes formés par les bases.
Chaque
sommet représente un constituant pur du ternaire. Le sommet inférieur
droit représente le solvant, le sommet supérieur représente
le soluté. Le dernier sommet (inférieur gauche) représente
évidement le diluant.
Exemple
de lecture pour le point M représenté:
titre
en solvant 40% (base inférieure)
titre
en soluté 30% (base côté droit)
titre
en diluant 30% (base côté gauche)
Rq:
le titre en diluant est également le complémentaire
à 100% des titres en solvant et soluté.
Sur
ce diagramme, la courbe tracée à l'intérieur du
triangle représente la limite de miscibilité des deux phases
liquides. En dessous de la courbe, le mélange représenté par
le point M est hétérogène et décante en deux
phases liquides. Au dessus de la courbe, le mélange représenté par
le point M serait homogène (le soluté solubilise ensemble
solvant et diluant, normalement non totalement miscibles entre eux).
Pour représenter
les équilibres du soluté dans chaque phase liquide, il
convient de tracer dans la zone de non-miscibilité
des droites nommées connodales, dont les extémités
représentent chacune des phases (points R et E, pour raffinat et
extrait).
Ainsi, le
mélange non homogène représenté par M décante
en deux phases liquides homogènes, l'une représentée
par le point R, riche en diluant et nommée raffinat, l'autre
représentée par le point E, riche en solvant et nommée
extrait.
Ces diagrammes
sont établis expérimentalement pour un ternaire donné.
On peut par exemple, en partant d'un mélange diluant+soluté de
composition connue, rajouter du solvant jusqu'à apparition du
point de trouble, ce qui donne un des points de la connodale.
Les points
de la courbe de miscibilité situés sur la base inférieure
du triangle donnent les miscibilités réciproques du solvant
et du diluant (ici 5% de solvant dans le diluant et 5% de diluant dans
le solvant). En cas d'immiscibilité
totale, la courbe de miscibilité part des sommets inférieurs
du triangle.
Rq: la représentation
des mélanges ternaires dans le diagramme triangulaire équilatéral
n'est pas au programme des BTS Chimie. On utilise alors la représentation
dans le diagramme triangulaire rectangle, très similaire (voir
ci-dessous).
Diagramme triangulaire
rectangle
Le
diagramme triangulaire rectangle permet de représenter le comportement
d'un mélange ternaire de la même façon que le diagramme
triangulaire équilatéral, dont il est une projection. Il
est parfois plus pratique car seuls deux axes othogonaux sont tracés,
représentants respectivement le solvant (o,x) et le soluté (o,y).
La
courbe de miscibilité et les connodales représentent
les zones de miscibilité ou de présence de deux phases,
et la composition des phases en équilibre.
Dans
ce diagramme, la composition en diluant est déduite des compositions
en solvant et soluté.
On considère
ici une extraction à simple étage entre une alimentation
F (40% de soluté, 60% de diluant, 0% de solvant), et une quantité S1
ou S2 (plus grande) de solvant pur.
Le mélange
de F et de S1 donnera le point M1, situé sous la courbe de miscibilité,
et qui décantera donc en deux phases R1 raffinat et E1 extrait
dont les compositions peuvent être déterminées
graphiquement.
Le mélange
de la même charge F avec une quantité de solvant plus importante
S2 donnera le point M2, également situé
sous la courbe de miscibilité, et qui décantera donc en
deux phases R2 raffinat et E2 extrait. On constate qu'avec plus de solvant,
le raffinat sera moins riche en soluté (plus de soluté extrait),
et que l'extrait sera également moins riche en soluté (plus
de soluté
extrait mais avec plus de solvant, d'ou un extrait moins concentré...)
Courbe de partage
(solvant et diluant immiscibles)
Lorsque
le solvant et le diluant peuvent être considérés
comme totalemment immiscibles, ce qui est souvent le cas lorsque les
titres en solutés restent faibles, beaucoup de choses peuvent être
simplifiées. Tout d'abord, il n'est plus nécessaire de
représenter chaque phase par les compositions en chacun des trois
constituants puisque il n'y a pas de solvant dans les phases diluant
(charge et raffinat), et qu'il n'y a pas de diluant dans les phases solvant
(solvant et extraits).
En
conséquence, on trace alors la répartition du soluté
dans chaque phase en utilisant uniquement le titre massique (ou rapport
massique) en soluté dans cette phase. Le titre en diluant ou en
solvant, selon la nature de la phase considérée, est alors
le complémentaire à 100% du titre en soluté.
Afin
de distinguer les titres de chaque phase, on note x les titres en soluté dans
les phases diluant (axe o,x), et y les titres en soluté dans les
phases solvant (axe oy).
L'équilibre
(ou partage) du soluté entre chaque phase est ainsi représenté
par une courbe nommée courbe de partage.
Lorsque
cette courbe peut être assimilée à une droite, son
coefficient directeur est appelé coefficient de partage et
noté m. L'équilibre entre les phases est alors traduit
par l'expression y = m x.
Pour
différentes raisons que nous n'évoquerons pas ici, on utilise
préférablement les courbes d'équilibre ou de partage
tracées en rapports massiques X et Y et non en titres massiques
x et y.
Le
rapport massique en soluté dans une phase diluant X (resp. Y dans
une phase solvant) est le rapport entre la masse de soluté et
la masse de diluant (resp. rapport entre la masse de soluté et
la masse de solvant). On a ainsi les relations entre titres et rapports
massiques suivantes:
X=x/(1-x)
Y=y/(1-y)
ou:
x=X/(1+X)
y=Y/(1+Y)
On considère
ici une extraction à simple étage entre une alimentation
F de rapport massique XF et une quantité
S1 ou S2 (plus grande) de solvant contenant un peu de soluté (rapport
massique YS).
Le mélange
de F et de S1 donnera le point de coordonnées XR1 et YE1, représentant
les compositions des deux phases raffinat R1 et extrait E1.
Le mélange
de la même charge F avec une quantité de solvant plus importante
S2 donnera le point de coordonnées XR2 et YE2, représentant
les compositions des deux phases raffinat R2 et extrait E2. On constate
qu'avec plus de solvant, le raffinat sera moins riche en soluté (plus
de soluté extrait), et que l'extrait sera également moins
riche en soluté (plus de soluté
extrait mais avec plus de solvant, d'ou un extrait moins concentré...).
Le point bleu
représente charge et solvant avant mélange. Il n'est pas
sur la courbe de partage, donc lorsqu'on mélange les deux phases,
la composition de celle-ci migre selon le segment vert. Si l'on atteint
l'équilibre (agitation et temps de séjour suffisant), le
point final obtenu est sur la courbe d'équilibre (point vert).
La droite verte
représente ainsi le chemin parcouru par les deux phases en cours
d'extraction. Cette droite est appelée droite opératoire.
On démontre que dans la représentation courbe de partage
en rapport massique, sa pente est négative et égale au
rapport - (Diluant pur / Solvant pur).
Quand on augmente
la quantité (ou le débit) de solvant, cette droite se rapproche
de l'horizontale
Cette construction
dite de McCabe et Thiele permet de déterminer le nombre d'étages
d'équilibres réalisés par une installation, ou de
déterminer le nombre d'étages d'équilibre nécessaire
pour réaliser une séparation donnée.
Elle se démontre
en rapport massique, et peut être réalisée avec une
approximation suffisante en titre massique
à condition que ceux-ci restent faibles (<10%).
La construction
consiste à tracer deux points représentant chacun les deux
extrémités de l'appareil:
l'un de coordonnées
(XR,YS) représentant la sortie raffinat et l'entrée solvant,
l'autre de
coordonnées (XF,YE) représentant l'entrée de la
charge et la sortie de l'extrait.
On relie ensuite
ces deux points selon une droite, nommée droite opératoire,
dont on démontre que la pente est
égale au rapport (Diluant pur / Solvant pur).
On trace enfin
des marches d'escaliers entre la droite opératoire et la courbe
d'équilibre, en partant d'un des points (haut ou bas de colonne)
et jusqu'à dépasser l'autre. Le nombre de marches détermine
le nombre d'étages d'équilibre ou le NET (pour nombre d'étages
théoriques) de la colonne.